Karen Torosyan, déjà célèbre pour son noble pâté-croûte et ses grands classiques de haute volée, nous réinvente et nous étonne toujours un peu plus avec de nouvelles préparations d'une justesse et d'une précision qui sont certainement guidées par sa vocation première de devenir bijoutier. Il est bien connu que, chez lui, tout est ciselé tel un bijou. Il y a d’abord ce décor d’une grande élégance qui rend un parfait hommage à Horta, le créateur du lieu. Le service est également assorti au sens du détail du chef ; attentif et discret, il s’accorde parfaitement avec sa cuisine raffinée et créative. Dès les amuses-bouches, tout va crescendo et le contraste des saveurs comme des textures vous accompagne tout au long du repas. Comme avec cette délicate fleur de courgette farcie d'un onctueux soufflé aux langoustines ou encore ce lingot de lapin escorté d'une savoureuse tatin de tomate. À une autre occasion, il arrive à nous surprendre avec une assiette de tourteau dressé sur un crémeux d’oseille et salicorne rehaussé de caviar Dauricus, tout comme avec ce simple gâteau de céleris confit combiné à de la poutargue et une sauce au miso. Et que dire des desserts réalisés par Khalil Mezni, un pâtissier aussi soucieux du détail et délicat que le chef Torosyan ? Son dessert réunissant poire Passe-Crassane, chocolat et gingembre a fait l’unanimité par sa légèreté et sa réalisation sans sucre ajouté. Ce savoir-faire nous conduit d’ailleurs à attribuer notre prix du Dessert de l’Année 2023 à ce duo d’artistes auxquels il faut associer la cheffe exécutive Cassandre Ercolini qui contribue, elle aussi, à transformer un repas chez Bozar Restaurant en un moment d’exception.